Qui a découvert le café : entre légende et réalité

21.07.2025

Considéré aujourd’hui comme l’une des boissons les plus populaires sur la planète, le café possède des racines méconnues mais captivantes. Son histoire remonte aux hauts plateaux de l’Éthiopie, en Afrique de l’Est, où le caféier pousse naturellement depuis des siècles. C’est dans cette région que commence le voyage d’une boisson tonique, née entre légendes locales et usages empiriques, avant de s’étendre au fil du temps bien au-delà de ​​ses frontières d’origine.

La légende du berger Kaldi

Selon la tradition, le premier à avoir fait la découverte des effets du café aurait été Kaldi, un berger éthiopien vivant au IXe siècle. Il aurait observé que ses chèvres devenaient étonnamment vives et pleines d’énergie après avoir consommé les petites cerises rouges d’un arbre mystérieux : le caféier. Intrigué, il aurait goûté ces fruits et ressenti lui aussi un regain d’efficacité mentale et physique.

Il aurait ensuite apporté ces cerises à un monastère voisin. Les moines, d’abord sceptiques, auraient tenté de brûler les fruits, mais l’arôme qui s’en dégagea les aurait convaincus de les infuser dans de l’eau chaude. Cette boisson revigorante fut ensuite utilisée pour rester éveillé pendant les longues prières nocturnes. Cette légende, bien que probablement apocryphe, reflète les effets stimulants du café, que l’on a attribué au fil du temps à la caféine, une propriété naturelle du grain.

L’Éthiopie, là où le café devient un rituel

Berceau du café arabica, le pays cultive une relation unique avec cette boisson. Au-delà de son statut de grand exportateur, le pays célèbre le café à travers la cérémonie du Jebena Buna, un rituel quotidien empreint de respect et de convivialité. Là-bas la torréfaction s’opère sur des braises, moulus à la main, puis infusés dans une jarre d’argile. Trois tasses sont partagées, chacune porteuse d’un sens symbolique.

Du Yémen à l’expansion arabe

Si l’on quitte la légende pour entrer dans l’histoire, c’est au Yémen, au XVe siècle, que le café prend réellement son essor en tant que boisson sociale et rituelle. Les soufis yéménites utilisaient le café pour stimuler l’esprit lors des cérémonies religieuses. C’est aussi au Yémen que le café commence à être cultivé, dans des régions comme Moka, d’où le terme aujourd’hui associé à certaines variétés de cafés.

Les échanges commerciaux vont jouer un rôle crucial. Les marchands arabes répandent le café dans tout le Proche-Orient, jusqu’au Caire, à La Mecque et à Istanbul. C’est dans ces grandes villes que naissent les premiers coffee houses, véritables lieux de rencontre et de vie intellectuelle, bien avant leur apparition en Europe.

Le café, du fruit à la culture mondiale

Le caféier, appartenant au genre Coffea, produit des baies rouges appelées cerises, à l’intérieur desquelles on trouve les célèbres grains de café. Ces grains doivent être extraits, séchés, torréfiés, puis moulus avant d’être infusés dans de l’eau chaude. Ce long processus confère au café une grande diversité d’arômes, selon le pays producteur, le type de sol, ou encore la méthode de torréfaction.

Aujourd’hui, plus de 70 pays participent à la culture du café, principalement situés entre les tropiques. L’Amérique du Sud, l’Afrique de l’Est, et l’Asie du Sud-Est dominent la production mondiale. Le Brésil, le Vietnam, la Colombie et l’Éthiopie comptent parmi les plus grands producteurs.

L’arrivée du café en Europe

Le commerce des épices et les voyages maritimes du 17ème siècle ouvrent la voie à l’introduction du café en Europe. Ce sont d’abord les marchands vénitiens qui, de retour du Moyen-Orient, rapportent des grains. Le café, d’abord perçu comme un breuvage exotique musulman, suscite méfiance et curiosité. Mais son effet stimulant, son goût nouveau et son caractère social séduisent rapidement les élites.

Les premières coffee houses européennes ouvrent à Venise, à Londres, à Vienne et à Paris. Elles deviennent des lieux de débats, fréquentés par les intellectuels et les commerçants. On parle déjà de la “boisson des Lumières“.

L’introduction du café en France

En France, c’est à Marseille, en 1644, que le café est introduit pour la première fois. Un marchand égyptien y apporte les premiers grains, qui sont alors dégustés sous forme de breuvage chaud. Très vite, la boisson conquiert Paris, notamment grâce à les intérêts sociaux de la cour de Louis XIV. Le roi, séduit, participe à sa diffusion en France métropolitaine et dans les colonies.

Quelques décennies plus tard, le café devient un produit de consommation courante, cultivé dans les colonies françaises comme la Martinique. En 1721, le capitaine Gabriel de Clieu transporte un plant de caféier depuis Paris jusqu’aux Antilles, malgré un voyage périlleux. Ce geste marque un tournant dans la production de café à l’échelle mondiale.

Une boisson ancrée dans notre quotidien

De la légende de Kaldi à la tasse de café du matin, cette boisson a parcouru un chemin exceptionnel. Elle est devenue un fil conducteur des échanges culturels, un moteur d’innovation sociale, et un symbole de la modernité. Le café n’est pas seulement une boisson énergisante : c’est une tradition, une culture, et un plaisir universel.